Moncomble Yann - Le Pourvoir de la drogue dans la politique mondiale


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Moncomble Yann - Le Pourvoir de la drogue dans la politique mondiale

Le théoricien du libéralisme et du capitalisme, Guy Sorman, dont l’influence dans les milieux d’affaires et les médias conformistes n’est pas négligeable, déclarait un jour que le meilleur moyen de combattre la toxicomanie était de mettre la drogue à la portée de tous, sans obstacle. Il était relayé, à quelque temps de là, par The Economist de Londres (1), journal connu pour refléter l’opinion des financiers internationaux qui, après avoir reconnu que « les drogues sont dangereuses », ajoutait doctement que « l’illégalité qui les entoure ne l’est pas moins ». Et il préconisait la vente libre des drogues, se bornant à recommander qu’une étiquette mentionne, sur chaque paquet, « leurs effets nocifs ». Selon le porte-parole du capitalisme cosmopolite, cette « légalisation du commerce » des stupéfiants aurait pour conséquence que les drogues « empoisonneraient moins de consommateurs, tueraient moins de dealers, corrompraient moins de policiers et rapporteraient des revenus à l’Etat ». « La dépénalisation est risquée, concluait l’éditorialiste du journal financier, mais la prohibition l’est encore plus. » Un juriste de même tendance a écrit, sur le sujet, un volume paru récemment pour donner une base légale à la dépénalisation de la drogue. Francis Caballero — c’est le nom de ce juriste — constatant que « le système bancaire est contaminé par le recyclage de l’argent du trafic », que le « coût de la lutte antidrogue augmente sans cesse » et que « les prisons se remplissent alors que l’offre des stupéfiants ne fait que croître », estime que « la répression s’énerve et devient de plus en plus attentatoire aux libertés individuelles (2) ». « Les droits élémentaires des personnes sont bafoués, ajoute-t-il, indigné, des lois anticonstitutionnelles sont votées, le droit à la drogue empoisonne l’atmosphère de la planète. » Il est difficile de ne pas faire un rapprochement entre le laxisme des uns et l’esprit de lucre des autres. À moins d’être aveugle ou de mauvaise foi, comment peut-on préconiser la vente libre d’un produit nocif quand on sait qu’elle ne ferait que multiplier le danger ? L’exemple des Pays-Bas est là pour nous convaincre de l’inefficacité de la solution proposée. La tolérance de la législation néerlandaise à l’endroit des drogués et le laxisme des autorités espagnoles et italiennes dans le même sens a pour résultat une augmentation de la toxicomanie dans les pays concernés, mais aussi une recrudescence du trafic de la drogue en Europe. Le monopole de l’Etat a transformé les Pays- Bas en véritable entrepôt de drogue pour les trafiquants internationaux. Quant à l’Espagne, elle est devenue « la tête de pont du trafic » sur le continent. « Nous pensons que la principale voie d’accès de la cocaïne en Europe est la péninsule ibérique, déclarait récemment John Lawn, directeur de la Drug Enforcement Agency, et nous savons que le Cartel de Medellín a des relations directes en Espagne. » Les chiffres lui donnent raison. En 1989, 3 471 kilos de cocaïne ont été saisis sur le territoire de la République espagnole. Ce qui représente trois fois ce que la police avait saisi l’année précédente en Espagne et davantage que dans le reste de l’Europe. Pour le haschich, la République espagnole arrivait également en tête des saisies européennes, avec plus de 90 tonnes. Les banquiers qui, ici et là, participent au blanchiment de « l’argent sale » et des narco-dollars, sont connus de la police, mais leur habileté et le secret dont ils s’entourent — et pas seulement en Suisse — les mettent à l’abri des poursuites. Sauf très rares exceptions, la presse se garde bien de publier le résultat des enquêtes de ses reporters. En faisant paraître ce livre explosif, Yann Moncomble prend le problème de la drogue à bras le corps. Il ne se borne pas à dénoncer le péril que les stupéfiants font courir à nos enfants, il soulève un coin du voile qui recouvre pudiquement les agissements des dealers, il nous montre que sans le concours actif de banquiers influents et d’hommes d’affaires aux relations politiques étendues, ces pourrisseurs de notre jeunesse ne pourraient se livrer leur honteux, à leur criminel trafic. Une fois de plus, il nous permet de prendre la main dans le sac, ces a financiers qui mènent le monde (1)». Admirons son courage et aidons-le à répandre ces vérités. Henry COSTON 6 février 1990

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