Philippe Henriot - Le 6 février


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Philippe Henriot - Le 6 février


CHAPITRE PREMIER
Le cheminement dans la sape

Car ils ont raison tous ceux qui parlent de coup de force.
Le 6 Février fut bien la journée du coup de force.
Mais ceux qui le tentèrent n’étaient pas les « fascistes » ni les « troupes de la réaction ».
Bien au contraire.
Et nul ne peut comprendre le véritable sens de la journée tragique s’il n’en connaît les préliminaires et les préparatifs.
Un an de régime cartelliste avait recréé dans le pays tout entier les déceptions et les amertumes de 1926.
Les ministères s’écroulaient les uns sur les autres.
Le parti radical, seul chargé des responsabilités et des bénéfices du pouvoir, s’irritait de sa propre impuissance.
Prisonnier d’une littérature démagogique, aussi encombrante après les élections qu’elle avait pu être fructueuse avant, il ne pouvait que partager son temps entre les imprécations qu’il lançait à ses adversaires de droite et les reproches amers dont il accablait ses alliés à éclipse de la S. F. I. O.
Aussi bien les cadres des deux partis craquaient-ils de toutes parts.
La scission s’était faite au sein des socialistes.
Un mouvement de dissidence se dessinait maintenant chez les radicaux où les néo- radicaux apparaissaient comme les frères jumeaux des néo-socialistes.
Bertrand de Jouvenel, Jean Luchaire, Pierre Cot, Pierre Mendès-France, Jacques Kayser, Jean Zay, se distinguaient par leurs piaffements d’impatience. Ils donnaient d’ailleurs à leur vocabulaire le ton de la littérature révolutionnaire, sans même en éviter les poncifs usés.
Pierre Cot, en des articles sarcastiques sur le désarmement publiés dans la République, avait pris le ton depuis longtemps.
Le 15 novembre 1932, on pouvait lire sous sa signature :
« Dès aujourd’hui, je veux indiquer que pour assurer le contrôle international, il me paraît indispensable de porter atteinte aux intérêts sacrés des marchands de canons. Je dis « sacrés », car je commence à croire que si tant d’hommes ont souffert de 1914 à 1918, ce fut pour ces Messieurs.
« Mais nous ne recommencerons pas.
« La seule guerre que je consente à faire et pour laquelle une fois de plus, je risquerais ma vie, c’est celle que nous ferons contre les profiteurs de la paix armée et « de la guerre. Et contre leurs alliés conscients ou inconscients : je dis inconscients « pour ménager toutes les susceptibilités, toutes les médiocrités et tous ceux qui croient encore que la course aux armements et la méfiance internationale peuvent fonder la paix. »
On reconnaît le sophisme habituel et ce futur ministre de la Défense nationale annonce déjà qu’il accepterait éventuellement d’un coeur léger la guerre civile.
Un Jean Zay a pareillement commencé de bonne heure à se montrer libéré de tous les préjugés du patriotisme en écrivant une page infâme dont il a essayé de s’excuser en expliquant laborieusement, en commentant subtilement.
Hélas ! ni commentaires, ni explications, ne prévalent contre un texte qui se suffit à lui-même et qui en dit long sur la mentalité de celui qui, à vingt ans, faisait sous cette forme, ses premiers essais littéraires.
Plus significative encore que la page est cette dédicace à Paul Dreux où il laisse entendre que ce chapitre n’est, dans son intention que le premier d’un livre qu’il compte intituler les Respects.
Ainsi, manifestait-il son mépris des préjugés traditionnels en attaquant d’abord, entre tous les respects, celui qui entoure le symbole de la Patrie.


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