You are not logged in.
Mémoire présenté par Alain Guionnet, Directeur de la publication REVISION
Nous diffusons ce mémoire pour l'information des "con-con", comme aime à le dire sur les ondes, M. Alain Minc ; dans la Matinale de Canal + (11.01.07), il explique que « les Français sont plutôt des « con-con », cest-à-dire des con'servateurs en société et des con'servateurs en économie ».
A lire aussi : http://www.the-savoisien.com/wawa-consp … php?id=890
___________________
MÉMOIRE PRÉSENTÉ PAR
ALAIN GUIONNET
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION REVISION
___________________
CONCERNANT LA PROCÉDURE
Me Jean Stévenin, avocat au barreau des Hauts-de-Seine, a accepté de défendre la cause dAlain Guionnet au titre de laide juridictionnelle. Ce dernier se demandait quelle était la juridiction compétente : tribunal dinstance ou tribunal de commerce, vu quil projetait de poursuivre uniquement la société DOC EN STOCK pour non-respect du contrat signé et viol du droit à limage.
Cest Me Stévenin qui a proposé dattaquer également la société ARTE FRANCE devant le tribunal de grande instance des Nanterre, vu que son siège social se trouve dans les Hauts-de-Seine, au barreau duquel il appartient. Ce qui était compréhensible, vu que la société ARTE FRANCE est commanditaire de lémission quelle a diffusée le 6 mai 2008. Pour Alain Guionnet, directeur de la publication Revision, les articles 42 et 43 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881, définissant les responsabilités respectives du directeur de publication et de lauteur, étaient applicables.
Cest à la fin du mois de novembre 2009 que Me Stévenin a communiqué par courrier à Alain Guionnet les conclusions et les pièces des parties adverses, sans lavertir de la date de clôture de linstruction, prononcée par ordonnance le 7 décembre 2009. Alain Guionnet acheva ses conclusions le 17 février 2010, en pensant être dans les délais. Lors dune brève conversation téléphonique avec Me Stévenin, ce dernier observa que les conclusions du demandeur portaient sur le fond, comme si le tribunal était incompétent à juger le fond. Me Stévenin avait la possibilité de déposer une demande dérogatoire de dépôt de pièces au tribunal en dépit de la clôture de linstruction, comme la présidente de la première chambre civile en a informé Alain Guionnet à laudience du 27 mars 2010, mais il ne la pas fait.
☞ Pièce n° 10 : analyse critique par Alain Guionnet des conclusions adverses de première instance, datée du 17 février 2010.
Voilà pourquoi le demandeur na pas conclu après signification des conclusions des défenderesses, voilà pourquoi il ny eut pas débat contradictoire en première instance.
SUR LE PROTOCOLE DES SAGES DE SION
Me Stévenin a raison de dire que les juges sont incompétents à juger lhistoire, mais Alain Guionnet a gagné deux procès dans le passé où il sest aperçu que les juges pouvaient examiner le fond (devant la dix-septième chambre correctionnelle du tribunal de Paris et devant la cour dappel civile de Paris).
Le Protocole des sages de Sion est marginalement du ressort de la justice, ne serait-ce queu égard au procès de Berne de 1935. Parfois aussi le pouvoir exécutif sen empare, comme en Russie au lendemain du coup dÉtat bolchevique de 1917, quand la possession de louvrage devint passible de peine de mort. Ce fut aussi le cas en France le 25 mai 1990, peu après lopération Carpentras, quand le ministère de lIntérieur prononça un arrêté interdisant de circulation, de distribution et de mise en vente de louvrage. Mais cet arrêté ne fut pour ainsi dire pas appliqué, outre quil est dénué de valeur légale au moins depuis 2004.
☞ Pièce n° 9 : « Le procès des Protocoles » par Christophe Chevillon, article paru dans le numéro 62 des Annales initiatiques (Lyon, 1935).
Les premiers juges notent quAlain Guionnet est titulaire dune maîtrise dhistoire (page 2), mais son niveau détudes est aussi de deux fois bac + 5, avec sa maîtrise de hongrois et après quil eut assisté au séminaire détudes juives à lÉcole pratique des hautes études réservé aux étudiants de troisième cycle.
Les questions portant sur le Protocole des sages de Sion sont dautant plus délicates que lidentité de lauteur est inconnue. On peut dater son écriture du deuxième semestre 1898 au plus tôt, eu égard à ce que le document dit du ministre de lInstruction publique et des Beaux-arts Léon Bourgeois. Certains voient confirmation de cette date dans lallusion à la construction du métropolitain, mais cette déduction est aléatoire.
☞ Pièce n° 8 : « Qui a fabriqué le plus célèbre des textes antijuifs ? » par Pierre-André Taguieff, article paru dans Marianne du 19 décembre 2009 au 1er janvier 2010.
Lécriture du Protocole des sages de Sion semble de toute façon postérieure à la publication en 1898 à Vienne, en Autriche, de ZIONISTEN-CONGRESS IN BASEL OFFICIELLES PROTOCOLL. Le titre de louvrage, écrit ainsi en couverture, signifie « Protocole officiel du Congrès sioniste à Bâle », étant entendu que, conformément à lusage longtemps répandu en allemand, Protokoll signifie procès-verbal ou compte rendu. Aussi Protokoll appelle un complément de nom. Du congrès sioniste dans le cas présent, mais ce peut être dune assemblée, dune réunion ou dune conférence.
Comme tel aurait été le cas du « Protocole de conférence » dite de Wannsee, qui aurait eu lieu le 20 janvier 1942. Lusage veut quon parle souvent du Protocole de la conférence de Wannsee, mais il sagit dune interprétation, car le document est intitulé Besprechungsprotokoll, Protocole de conférence, ou Procès-verbal de conférence. Ce titre renforce le côté mystérieux de ce document intitulé en encadré « affaire dempire secrète ! » (Geheime Reichsache!), lequel ne correspond à aucun des usages administratifs de lépoque et dont lorigine est inconnue.
Sur la date décriture du pamphlet, la mention du nom de Léon Bourgeois vaut dêtre examinée. À la dix-neuvième séance, dans la version de Georges Boutmi, lorateur aurait dit : « Nous avons commencé à asservir définitivement la pensée par la méthode de lenseignement visuel qui rendra les goyim incapables de réfléchir et en fera des animaux obéissants ; ils attendront la démonstration dune idée avant de chercher à la saisir. Un de nos meilleurs agents en France, Bourgeois, a déjà annoncé un nouveau système déducation intuitive. À présent que nous sommes en force, nous navons pas besoin de goyim penseurs, ces matérialistes de tous temps, consommateurs avides de tous les biens terrestres. » (Tous temps a paru locution juive.)
Lesdits sages voyaient en Léon Bourgeois un de leurs meilleurs agents à cause de son initiation le 15 juillet 1882 à la Sincérité, à lOrient de Reims. Les francs-maçons auraient été leurs agents par obligation sous peine de mort, les quelques francs-maçons réfractaires fussent secrètement liquidés sans que leur ordre ne sen émût. Une des subtilités du pamphlet est de dire que les sages ont droit de vie et de mort sur le franc-maçon, mais pas sur le profane. Seul sérieux obstacle quils pensent pouvoir rencontrer dans laccomplissement de leur plan. Le profane récalcitrant serait redoutable pour peu quil soit un peu génial.
La biographie de Léon Bourgeois est troublante, car il fut nommé ministre de lInstruction publique et des Beaux-Arts le 28 juin 1898, mais il avait été ministre de lInstruction publique et des Beaux-Arts de 1890 à 1892 (site du Sénat), et cest le 26 octobre 1893, au congrès de la Ligue de lenseignement, quil préconisa son « nouveau programme déducation par la vue ». Cet homme dÉtat radical poursuivit sans doute son programme en 1898, mais cest longtemps avant quil lavait promu. Doù une autre interprétation possible : cest au plus tôt en 1899 que le pamphlet aurait été écrit, après que Léon Bourgeois eut représenté la France à la Conférence internationale de La Haye, qui débuta le 18 mai 1899, où il proposa d« instituer un tribunal souverain entre les nations », arbitre des conflits internationaux (site du Sénat).
Ce serait après que Léon Bourgeois fut mondialement connu à cause de sa participation remarquée à la première conférence de La Haye que le Protocole des sages de Sion aurait été écrit, autrement dit en juin 1899 au plus tôt. Lauteur se serait alors renseigné sur le passé de Léon Bourgeois, dont lappartenance maçonnique était notoire. Il a cependant donné sa propre interprétation du programme denseignement de Léon Bourgeois, qui nen a jamais parlé dans les termes du pamphlet.
Les techniques de manipulation des vues, au cur de la présente affaire, remontent au moins à la haute antiquité, mais elles évoluent. Elles sont de plus en plus performantes, tandis que le nombre de professionnels dont cest le métier augmente. Seul problème, les faussaires sont toujours maladroits.
La date de publication des Protocoles des sages de Sion en russe est elle aussi douteuse. Serge Nilus prétend quil sagit de janvier 1901, après quil eut achevé la traduction du texte français original en décembre 1900. Son impression fut peut-être effectuée sous forme de cahier séparé. Le maître espion français Henry Rollin, spécialiste dans lentre-deux-guerres des Protocols des sages Sion (écriture souvent employée à lépoque), prétend que cest faux. Pourtant larticle consacré au pamphlet paru dans Novoye vrenia (Temps nouveaux) en avril 1902 indique quune version russe circulait déjà.
En suivant linterprétation dHenry Rollin, la première édition russe daterait de 1903, quand Georges Boutmi publia sa version du texte français à Saint-Petersbourg dans Znamia (Drapeau), sous forme de feuilleton, dans les numéros du 28 août au 7 septembre 1903, sous le titre « La conquête du monde par les juifs ».
En tout cas le succès de louvrage débuta en 1905 en Russie, année de la guerre russo-japonaise, dans ses deux versions, de Serge Nilus et de Georges Boutmi.
Cest plus tard, après-guerre, quand le pamphlet était mondialement connu, que le journal britannique le Times découvrit, grâce à un émigré russe réfugié en Turquie, que les Protocoles des sages de Sion était plagiat du livre de lavocat Maurice Joly publié à Bruxelles en 1864 ou en 1865, Dialogues aux enfers entre Machiavel et Montesquieu. Le plagiat est dune extrême banalité dans lédition et le journalisme, et il est manifeste que plus de 40 % du texte du Protocole des sages de Sion est tiré du livre de Maurice Joly, mais pas le reste.
Aucun des événements postérieurs évoqués, comme la Commune de Paris ou laffaire des emprunts russes, ni les noms de Moïse, David, Salomon, ni les observations remarquables sur la franc-maçonnerie ne se trouvent dans le livre de Maurice Joly. Lauteur du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu évoque certes franc-maçonnerie et sociétés secrètes, mais assez brièvement, en sentourant de précautions, dune tout autre façon que le pamphlet.
Certains observateurs se demandent si lobjectif du Protocole des sages de Sion nétait pas antimaçonnique. Thèse discutable, à moins de la pousser plus loin, car il nexistait quune seule organisation juive internationale puissante en Europe quand louvrage fut écrit : lAlliance israélite universelle, qui était et demeure dinspiration maçonnique. Doù cette question : comment imaginer que lauteur du pamphlet, en le supposant antisémite, ait « oublié » de parler de lAlliance israélite universelle, alors quil faisait de nombreuses allusions aux affaires françaises et russes ? Cest quasiment impensable.
Alain Guionnet connaît bien le milieu antisémitique et son histoire, dont il dénonce depuis près de vingt-cinq ans la bêtise. Il croit cerner sa psychologie. Par éducation honteux, lantisémite français est excessif quand il se lâche, et il tombe souvent dans les pièges qui lui sont tendus. Au point quil aurait été tenté dévoquer laffaire Dreyfus sil avait écrit le pamphlet, mais le nom du capitaine ne sy trouve pas. Son auteur nappartient donc pas au milieu antisémitique.
Dans LApocalypse de notre temps (Paris, 1939), Henry Rollin soutient qu« on trouve dans les Protocoles une allusion très nette à laffaire Dreyfus. Leur [son, NDLR] auteur, en effet, a résumé et déformé dune façon si caractéristique le long passage consacré par Maurice Joly à la Cour de cassation dans son Dialogue aux Enfers, que lallusion à la révision du jugement du conseil de guerre de Paris semble évidente » (page 354). Henry Rollin évoque un passage où le « plagiaire » dit le « contraire » de Machiavel dans le livre de Maurice Joly. Machiavel projette de nommer des juges dévoués au pouvoir à la Cour de cassation, tandis que les prétendus sages comptent la supprimer. Pareille déformation serait due à la volonté de lauteur de ne pas voir casser le jugement du conseil de guerre de Paris, thèse irrecevable.
Henry Rollin sengage sur plusieurs fausses pistes. Il imagine que lauteur du pamphlet aurait voulu influencer une décision de justice française à intervenir dans un futur proche, en même temps quassez lointain, car Henry Rollin envisage dans ce passage de son livre que le Protocole des sages de Sion fût écrit avant 1897 ; thèse paraissant maintenant insensée. Et puis, cette altération de quelques lignes du livre de Maurice Joly nallait pas inciter le régime français à supprimer la Cour de cassation ; elle aurait plutôt eu leffet inverse. Enfin le pamphlet était destiné au public russe. Cest en Russie, là où vivaient « largement cinq millions » de juifs (« Discours de Max Nordau à Bâle du 29 août 1897 », in Revision n° 111 de mai 2008), que plusieurs exemplaires du texte français furent mis en circulation.
Cela dit, lauteur du Protocole des sages de Sion fréquentait les salons parisiens et était sans doute polyglotte. En tout cas il lisait lallemand, puisquil sinspira dans le titre de son pamphlet du Protocoll sioniste paru à Vienne en 1898. Piste sur laquelle Henry Rollin (dont léditeur écrit le prénom Henri) orienta ses recherches. En ce qui concerne la vie parisienne de lauteur de louvrage, accessoirement sa connaissance de plusieurs langues, car Henri Rollin se garda de parler du « Protocole officiel du Congrès sioniste à Bâle ».
Dans LApocalypse de notre temps, Henri Rollin dit peu de chose de lorganisation sioniste, comme sil navait pas lu les mots « de Sion ». Il ne prononce pas une seule fois le nom de Max Nordau, vrai père de lOrganisation sioniste mondiale. En revanche, il cite celui de Théodore Herzl dans huit pages de son livre, alors quil y a peu de chose à dire sur la vie et luvre de ce juriste illuminé qui fut tenté par le frankisme avant de devenir sioniste, au destin tragique. Il faut reconnaître à Henri Rollin lhonnêteté de citer Angel Marvaud, qui dit que Théodore (Tivadar) Herzl fut tué « par les soucis que lui causaient la réalisation de son rêve et les attaques violentes auxquelles il ne cessait dêtre en butte de la part de ses propres coreligionnaires du sionisme » (page 219). Observation incomplète, car Théodore Herzl fut ruiné et « tué » prématurément par les sionistes en 1904 selon sa femme, qui mourut peu après.
En taisant le nom de Max Nordau et en sappesantissant sur celui de Théodore Herzl, Henri Rollin reprend un mythe sioniste. Cest étrange pour quelquun qui débute son ouvrage majeur par ces mots : « Nétant ni franc-maçon, ni juif, mais catholique, né de parents catholiques aussi loin quon puisse remonter, nous navons entrepris la présente étude que pour montrer ce que vaut le mythe du mystérieux complot judéo-maçonnico-bolcheviste qui constitue largument fondamental de la propagande allemande à travers le monde » (page 3). Dans ces conditions, LApocalypse de notre temps, publié en 1939, est propagande de guerre.
Henri Rollin parle de lAlliance israélite universelle et du congrès sioniste de Bâle de 1897, mais avec beaucoup de retard, après la première guerre mondiale, quand les propagandistes antisémites et/ou antijuifs allemands entrèrent en action. Ils remarquèrent tout de suite que le nom de lAlliance israélite universelle ne figurait pas dans le Protocole des sages de Sion. Cette piste avait été esquissée dans un numéro de Znamia de 1903, où figurait une note du traducteur invitant le lecteur à ne pas confondre les sages de Sion avec les « représentants du mouvement sioniste » (Henri Rollin, op. cit., page 215). Puis, en 1907, Georges Boutmi dit de lAlliance israélite universelle quelle avait « sous ses ordres toutes les organisations maçonniques, martinistes, frankistes et sionistes » (ibidem, pages 215-216). Ensuite, cest le colonel Winberg qui soutint catégoriquement que le Protocole des sages de Sion avait été élaboré à Bâle en 1897. En 1919, dans sa dénonciation dun réseau dorganisations judéo-maçonniques internationales, il affirma que « dans ces organisations, la maçonnerie dun rang inférieur joue le rôle dune arme aveugle au service de la fameuse Alliance israélite universelle » (ibidem, page 216). Avec le recul du temps, la suite des événements en Europe semble avoir été annoncée à ce moment-là.
Comme cest le cas pour lAlliance israélite universelle dont le nom napparaît pas dans le Protocole des sages de Sion, le pamphlet ne contient pas une seule citation talmudique, comme observent des juifs nullement horrifiés à sa lecture, qui excite au contraire leur curiosité. Comme cest le cas de Jacques Halbronn, qui a consacré une partie de sa thèse de doctorat dÉtat à luniversité Paris X en 1999 à ce thème. Le texte prophétique en France Formation et fortune nest quun de ses nombreux écrits et publications. Maîtrisant hébreu et anglais, à défaut de lallemand, Jacques Halbronn collabore à Revision depuis trois ans. Il a longtemps semblé ne pas comprendre Alain Guionnet quand il lui parlait des néologues juifs hongrois influencés par le calvinisme, avant de trouver la traduction française du mot : laïcs. Ainsi, dimanche 22 août 2010, Jacques Halbronn définit les Protocoles des sages de Sion comme « pseudo Talmud laïque ».
Alain Guionnet aurait plutôt songé à parler de néotalmud destiné au profane, bien que ce pseudo Talmud ait pu aussi être destiné au juif. Et puis Talmud laïque est un peu troublant, pseudo Talmud néologique conviendrait mieux, même si cette expression conduit sur la piste dun de ses auteurs possibles : le fils de néologue juif hongrois devenu sioniste Max Nordau.
Jacques Halbronn persiste à voir dans le Protocole des sages de Sion un faux dont lauteur aurait lu une des traductions du Talmud publiées dans les grandes langues occidentales dans les années 1870-1880. Il évoque aussi les traductions françaises de 1888 et 1889 du Talmudjude (Juif talmudique) dAugust Rohling, même si lauteur du pamphlet préférait sans doute lire le texte original dAugust Rohling plutôt que des traductions françaises dextraits de son livre. Jacques Halbronn saccroche à la thèse suivant laquelle lauteur du Protocole des sages de Sion pourrait être antisémite, français en loccurrence, alors que de nombreux éléments donnent à penser le contraire.
Cela dit, vrai ou faux en ce qui concerne un document historique est parfois secondaire, comme dans ce cas. Cest limpact quil a eu qui compte, son influence passée et présente sur limaginaire collectif.
Voilà ce que disait Alain Guionnet au cours de son entretien de plus de deux heures avec Barbara Necek. Voilà ce qui a été frauduleusement rendu dans le reportage par ces mots dAlain Guionnet : « Ce sont des textes authentiques, il ne sagit pas de douter de leur authenticité ». Sans voir les épreuves du tournage, la fraude est manifeste, car cela fait longtemps quAlain Guionnet ne parle que du Protocole des sages de Sion. Les textes évoqués sont clairement ceux des différentes éditions du document.
Plutôt que de faire dinnombrables observations sur le contenu de louvrage, arrêtons-nous sur son titre. Protocole des sages de Sion est tout à fait conforme, contrairement aux titres anglais et allemand. Dans la version russe de Serge Nilus Protocoly sionskikh moudretsov, protocole est écrit au pluriel, comme il létait peut-être dans loriginal français, mais cest le singulier collectif qui simpose en français, contrairement à langlais. Il sagit aussi de se conformer aux titres des deux autres protocoles célèbres, de 1898 et 1942, où protocole est écrit au singulier.
Cest aussi le cas du protocole de François Mitterrand de 1989 dont parle Der Spiegel du 25 septembre 2010. Selon ce « protocole », François Mitterrand aurait vu dans leuro contrepartie à lunité de lAllemagne. Der Spiegel emploie Protokoll dans lacception du Protocole des sages de Sion. Choix discutable, car parler du plan de François Mitterrand aurait sans doute été plus juste, mais la rédaction du Spiegel a voulu montrer lintérêt quelle porte aux affaires protocolaires. Elle aussi espère que larrêt de la cour ne sera pas superficiel et bâclé.
Les organisateurs du premier congrès sioniste à Bâle en 1897 avaient raison quand ils publièrent le Protocoll de leur congrès en 1898. Le mot est sans doute emprunté à Saint-Yves dAlveydre, agent de renseignement chargé de la presse au ministère de lIntérieur dans les années 1870. Saint-Yves dAlveydre publia en 1884 Mission des Juifs, ouvrage lu attentivement dans les cercles juifs. Or cest lui qui assigna aux juifs un protocole dans leur mission. Mot banal dans le jargon administratif, dont lacception nétait pas uniquement diplomatique.
Lécriture Protocoll en allemand par les sionistes peut être tenue pour indice confirmant cette thèse, mais ce nest pas sûr, car la politique de la coterie juive, avant que lOrganisation sioniste mondiale fût créée, consistait à dénationaliser les peuples en vantant les mérites de létranger ; de lAllemagne en France, de la France en Allemagne. Les sionistes avaient raison car il est plus facile décrire c que k, seulement c se prononce tantôt k tantôt s en français, ce qui rend cette lettre difficilement exportable. La prétendue adoration de létranger par la coterie juive ne sarrêtait pas aux pays limitrophes, elle allait beaucoup plus loin ; avec la mode orientaliste, par exemple, qui faisait fureur dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle.
Le titre français du Protocole des sages de Sion est de loin le meilleur dans les grandes langues européennes, sachant que le russe moutretsov peut être rendu par sages, mais aussi par dautres mots, comme docteurs. Car les sages, hakhamim en hébreu (hakim dans les langues dites sémitiques mineures), appartiennent à la tradition talmudique. Hakham désigne le docteur du Talmud, son nom est souvent associé à la formule abrégée signifiant quil soit loué (heit, kaph, mem). De telle sorte que les mots russe et hébreu sont plus comparables que ce nest le cas en français, où la distinction entre sage et docteur est plus marquée.
Enfin « de Sion » est génial, car de marque le datif, mais aussi éventuellement lablatif. De Sion peut ainsi suggérer que les prétendus sages étaient originaires de Sion, ce qui est très souvent faux, mais cette thèse est capitale dans la mythologie sioniste. Un nostalgique du moyen français songerait à parler du Protocole des sages à Sion, à marquant le génitif, comme on disait à la Chine, tandis que à est aussi directif. Or le projet de lOrganisation sioniste mondiale était daller à Sion, même si ses chefs sen défendirent pendant plusieurs années et sils firent mine denvisager dautres lieux détablissement comme lOuganda.
De telle sorte que le titre français du pamphlet est tout sauf antisémitique. En comparaison Protocols of the Learned Elders of Zion est mauvais. On peut rendre learned elders par anciens docteurs, mais elder nest pas talmudique. Surtout que le judaïsme se veut toujours très actuel. De telle sorte que lauteur du document aurait voulu écrire un nouveau Talmud en raccourci, le regard tourné vers lavenir, vers la « conquête pacifique de lunivers », expression elle aussi géniale.
Cette notion, qui traverse le Protocole des sages de Sion du début à la fin, fut reprise et répandue par Jean Izoulet, professeur juif de philosophie au Collège de France, dans Paris capitale des religions ou la mission dIsraël (Paris, 1927). Jean Izoulet écrit : « Mais il y a une dernière ou première religion, qui na rien de régional ou local et qui est présente partout, une religion internationale et intercontinentale en un mot, une religion planétaire. Et cest le mosaïsme dIsraël » (page 50).
Le titre allemand est à peine meilleur que le titre anglais : Die Geheimnisse der Weisen von Zion, Les secrets des sages de Sion. Léditeur na pas voulu parler des Protokolle, tenant ce mot pour étranger. Il oublia seulement que des secrets révélés ne sont plus des secrets. Il sy est refusé aussi parce que procès-verbal appelle un complément de nom. On notera également que secret est antonyme dofficiel et que les « antisémites » allemands connaissaient le « Protocole officiel du Congrès sioniste à Bâle du 29 au 31 août 1897 » mieux que quiconque, à lexception des juifs.
Ces observations amènent à conjecturer que lappellation Protocole des sages de Sion découle de « Protocole officiel du Congrès sioniste à Bâle ». En français protocole officiel est presque pléonasme, mais ce nétait pas le cas en allemand, où Protokoll retenait lattention autant quoffiziell, qui amenait aussitôt à songer à secret. Doù la conclusion, sachant les sionistes familiers du double langage : ils publièrent leur protocole officiel car ils avaient un protocole secret !
Linstigateur de lopération est Max Nordau, germaniste soi-disant opposé au yiddisch. Non seulement Nordau fut la vedette du congrès, mais cest lui qui choisit dintituler lédition viennoise Zionisten-Congress in Basel officielles Protocoll, doù provient vraisemblablement Protocole des sages de Sion. Protocole est identique dans les deux cas. Ensuite il fallait gommer officiel et surtout ne pas dire secret. Il était aussi impératif de supprimer congrès sioniste à Bâle ; à Bâle en premier lieu. Sioniste a cependant été conservé sous la forme de Sion, expression suggérant que le document nétait pas uvre de sionistes déclarés. Puis vient la seule vraie substitution : congrès fut transformé en sages. Mais les délégués présents au congrès de Bâle ne faisaient-ils pas figure de sages ? La lecture dune partie des nombreux ouvrages de Nordau et la connaissance de la mentalité juive hongroise confirment cette thèse : Nordau fut linstigateur du Protocole des sages de Sion.
Le rapprochement entre les deux affaires fut fait au procès de Berne de 1935 par les défenseurs de la cause antisémitique, mais cétait trop tard. De très lointains échos de cette affaire dantonymes parvinrent aux oreilles des antisémites français, mais ce milieu était en grande partie composé de gens ignorant les langues étrangères et nayant guère le temps de spéculer. De telle sorte quelle est pour la première fois révélée.
☞ Pièce n° 9 : « Le procès des Protocoles » par Christophe Chevillon, article paru dans le numéro 62 des Annales initiatiques (Lyon, 1935).
La variation dacception de protocole en français et en allemand était sans doute aussi sensible en russe au début du vingtième siècle. À la lecture du Livre du Kahal de Jacob Brafman, entre autres, il apparaît que les Russes cultivés lisaient principalement deux langues étrangères : français et allemand ; mais lallemand était plus répandu, pas seulement chez les juifs car il y avait des populations de langue allemande dans lempire russe, pas de langue française. Doù peut-être aussi la conviction de Serge Nilus que le Protocole des sages de Sion quil traduisit était celui dune réunion, or il nen est rien.
Alain Guionnet a démontré dans Revision n° 110 de mars 2008 que les prétendus intervenants de lassemblée des sages de Sion ne sont autres que Machiavel et Montesquieu, la réunion desdits sages na donc jamais eu lieu.
Cet aperçu vise à inviter la cour à dire que lorigine du Protocole des sages de Sion, dont lauteur est inconnu, est obscure.
Il vise aussi à prier la cour de constater le sérieux des recherches dAlain Guionnet, dont les conclusions, pour discutables quelles soient, sont libres.
À ce sujet, Alain Guionnet a appris beaucoup plus de choses sur lhistoire du judaïsme quand il fréquenta la bibliothèque de lAlliance israélite universelle pendant plus de deux mois, en 2008, quau séminaire détudes juives à lÉcole pratique des hautes études auquel il assista pendant un an. Hélas ! il fut expulsé de la bibliothèque en juillet 2008. Or, plutôt que dintenter une procé-dure séparée contre lAlliance israélite universelle, Alain Guionnet prie la cour de dire, dans son arrêt à intervenir, quil est autorisé à fréquenter la bibliothèque de lAlliance israélite universelle, qui est financée par des fonds publics et qui se trouve sur le territoire français.
JUGEMENT DU 3 JUIN 2010
Les premiers juges commencent par ne pas reproduire conformément un passage de lassignation à comparaître dAlain Guionnet à partir duquel ils ont délibéré. Ils prêtent au demandeur ce propos : « que même si lauteur du Protocole des sages de Sion sest inspiré de plusieurs sources, les propos (dAlain Guionnet) sur leur source ne figurent pas dans le reportage (page 3). Quel charabia ! Rien nest conforme, ni le texte ni le caractère. Le demandeur écrit en réalité : « Même si lauteur du Protocole des sages de Sion sest clairement inspiré de plusieurs sources, les propos dAlain Guionnet sur son écriture et sur sa source ne figurent pas dans le reportage ». Cause mal entendue, cause perdue !
La phrase de lassignation nest certes pas évidente, entre autres à cause des mots écriture et source en italique, mais cétait en prévision des conclusions des parties adverses. Le premier membre de phrase est correctement reproduit. Le demandeur introduisit ensuite les notions de source et décriture du Protocole des sages de Sion parce quelles sont problématiques et quAlain Guionnet souhaitait quil en fût question.
Il y a la « source » du Protocole des sages de Sion, cest-à-dire son auteur et son milieu, qui ont eux-mêmes plusieurs sources. Puis l« écriture » du pamphlet, que lhistorien cherche en premier lieu à dater. Sa datation ayant été précisée dans la mesure du possible, disons mot des modalités décriture du document. Il est uvre dun auteur principal qui sest largement inspiré du livre de Maurice Joly, mais a-t-il consulté certains de ses proches pour avoir leur avis ? Était-il maître espion, comme daucuns le prétendent, ou bien appartenait-il à une coterie ? Cest lun ou lautre, car il a eu recours à des agents ayant fait circuler plusieurs exemplaires de son texte en Russie auprès de gens susceptibles de le traduire et de le publier. Au nombre de ces coteries, il y a celle des martinistes animée par Gérard Encausse dit Papus, sorte de maçonnerie semi chrétienne, nationaliste et synarchique.
Cest à juste titre quHenri Rollin parle de Papus dans 28 pages de son livre, tant ce médecin mage, bien reçu à la cour de Russie, est fascinant. Hélas ! Henri Rollin ne dit mot de Saint-Yves dAlveydre. Cest étonnant quand on sait le grand respect que Papus portait à Saint-Yves dAlveydre, créateur du concept de Synarchie dEmpire. Ça lest beaucoup moins en revanche quand on sait que le mot protocole employé par les sionistes en 1898 est sans doute emprunté à Saint-Yves dAlveydre, lui aussi plagiaire (de Fabre dOllivet). Là encore, Henri Rollin aura brouillé les pistes. De toute façon Papus nest certainement pas lauteur du document, bien quil réunît les moyens pour lécrire et pour le diffuser avec le concours de lOrdre Martiniste, même si la reconnaissance officielle de sa coterie eut lieu quelques années plus tard en Russie.
Doù limportance des mots source et écriture dans lassignation à comparaître. Elle visait à amener les parties adverses sur le terrain historique. Doù aussi la question : de quel droit les sociétés ARTE FRANCE et DOC EN STOCK prétendent-elles concevoir, tourner et diffuser un reportage à prétention historique alors quelles sont incompétentes en la matière ? Dans dautres pays, comme la Grande-Bretagne, la propagande sappuie sur le renseignement, au besoin en faisant appel aux conservateurs de la bibliothèque du British Museum, mais ce nest pas le cas en France, où ARTE FRANCE sen remet aux lueurs du sociologue Pierre-André Taguieff, diplômé de luniversité Paris X, supposé connaître lhistoire de Russie à cause de son patronyme. On appelle ça du bricolage.
Après cette citation fautive, suggérant quAlain Guionnet raconte nimporte quoi, vient laffaire de la société ARTE FRANCE, qui cherche à démontrer quelle nest pas chaîne de télévision mais GEIE, et quelle échappe à ce titre à la loi sur la presse. Argument quelle naurait pas osé soutenir devant le tribunal de commerce. Dailleurs, les premiers juges parlent de « la chaîne de télévision franco-allemande ARTE » (page 2, 1re ligne).
La défenderesse soutient quelle na pas eu connaissance du contrat signé par la société DOC EN STOCK, mais cest ARTE FRANCE la commanditaire du reportage. Cest elle qui a enjoint à DOC EN STOCK que quelques séquences fussent tournées en France, en annexe du contrat de coproduction du 14 mars 2007, où il est précisé que les lieux de tournage sont « Russie, France, Israël, Égypte » (page 1). Le reportage fut monté dans lordre inverse, conformément à la règle médiatique qui veut quon parte du temps présent avant de remonter dans le temps.
Lapproche chronologique de la société ARTE FRANCE était la bonne au plan historique, sauf que la France aurait dû précéder la Russie, puisque le Protocole des sages de Sion fut écrit en français. Les auteurs du reportage sont officiellement Pierre-André Taguieff et Barbara Necek, mais Pierre-André Taguieff était maître duvre, Barbara Necek exécutante. Doù la consigne scrupuleusement respectée par la journaliste de ne pas évoquer lorigine du document dans son entretien avec Alain Guionnet. Ensuite, il y a une énorme lacune dans le scénario, car il aurait fallu parler de lAllemagne au lendemain de la première guerre mondiale, pays dont les propagandistes jouèrent rôle capital dans la diffusion du Protocole des sages de Sion, dont ils se portèrent garants de lauthenticité.
Toujours est-il que cest la société ARTE FRANCE qui a commandité lentretien avec Alain Guionnet, car lui seul pouvait faire figure de protocoliste ayant connaissance du dossier. Hormis le demandeur, Barbara Necek contacta Maurice Martinet, policier à la retraite, président du Parti national radical, pour le tournage. Mais il savéra que Maurice Martinet navait rien à dire sur le Protocole des sages de Sion, sinon quil soit vrai ou faux, ses prédictions se réalisent. Doù la décision de Pierre-André Taguieff dinterroger Alain Guionnet, doù la signature par Barbara Necek sans hésiter du contrat écrit par le demandeur. Aussi la responsabilité dans la violation de la lettre dautorisation dutilisation dimage de la société ARTE FRANCE est constituée. Elle prétend ne pas avoir été informée de lexistence de la convention mutuelle. Cest vrai officiellement, mais oralement ? Un responsable dARTE FRANCE na-t-il pas donné son accord, en partant du principe quAlain Guionnet représente une force négligeable au plan judiciaire ? On ne connaîtra sans doute jamais la réponse, mais le doute est fondé.
Maurice Martinet a réédité dans National radical la version des Protocoles des sages de Sion publiée dans Revision numéros 3 à 7 de mars à septembre 1989, parce quil la jugée la meilleure. Alain Guionnet avait fidèlement reproduit le texte de Georges Boutmi paru dans une édition de lentre-deux-guerres. Toutefois, en sa qualité de traducteur semi-professionnel, il a opéré de très légères modifications. En ce qui concerne lordre des mots dans quelques phrases, quelques signes de ponctuation, ou encore en substituant une poignée de noms tirés du jargon historique à dautres, dinspiration profane.
La société ARTE FRANCE fait valoir ses hautes valeurs morales, en invoquant un débat dintérêt général, alors quelle occulte la responsabilité de lAllemagne dans le succès du pamphlet, ce qui va à lencontre de lintérêt général.
La société DOC EN STOCK invoque larticle 10 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de lhomme et des libertés fondamentales, qui dit tout et son contraire. De telle sorte que cet article lautoriserait à violer les lois sur la presse et sur le droit à limage pour démasquer des criminels de la pensée. Mais ignore-t-elle que le casier judiciaire dAlain Guionnet est vierge de toute condamnation ? Puis DOC EN STOCK oublie que la diffusion du Protocole des sages de Sion nest pas interdite en France et soutient quil sagit dun « faux antisémite notoire ».
Les histoires de lancien site dAlain Guionnet devraient être exclues de la procédure, car postérieures à loutrage quil a subi le 6 mai 2008. Ce qui se vérifie tous les jours sur la toile, où maintes gens simaginent quil raconte nimporte quoi, voire quil est fou. Lappelant ne renie pas ses propos, mais il signale que sa production littéraire est énorme et que de courts extraits ne sauraient se comprendre isolément.
Les premiers juges signalent que la société DOC EN STOCK na pas observé « lobligation de visualisation préalable » inscrite dans le contrat, mais la société a tronqué et télescopé les propos du demandeur, comme la vision des épreuves du tournage permettrait de le vérifier de façon plus ample quAlain Guionnet ne la réduit en mémoire.
Alain Guionnet vît le projet de reportage, il exigeât aussi que le commentaire fût rectifié, car il nest pas « éditeur dextrême-droite », ce quil na jamais été et ne sera sans doute jamais. Il sagit là de diffamation. Alain Guionnet se fût contenté de lappellation rouge-brun, en usage dans les médiats pour désigner les gens en marge de la pensée unique. Il préférât radical, en songeant à lallemand Linksradikaler et Rechtsradikaler, ultragauchiste et ultradroitiste, mais il reconnût volontiers lambiguïté du mot, Alain Guionnet nétant pas radical comme Léon Bourgeois.
Les premiers juges, faute de conclusions du demandeur et sans lavoir autorisé à sexprimer au tribunal en labsence de son conseil, dont la venue était incertaine, retiennent lallégation de la société DOC EN STOCK selon laquelle Alain Guionnet aurait requis de visionner « lintégralité du reportage » (page 3). Or Alain Guionnet est professionnel de presse, il aurait demandé à voir les séquences le concernant, ses propos ainsi que les commentaires de la rédaction et les transitions du reportage, soit moins de dix minutes du film. Ce qui lui aurait suffi pour refuser dapparaître dans le documentaire en létat, car au moins deux de ses phrases sont tronquées et ses propos télescopés, tandis que le dire éditeur dextrême-droite est diffamatoire.
Toutefois ce moyen retenu à ce moment du jugement est curieux, car le premier moyen avancé par la société DOC EN STOCK est : « Ce que M. GUIONNET reproche en réalité à Madame NECEK, cest simplement de navoir pas monté lintégralité de son interview, ce qui était pour-tant son droit le plus absolu » (conclusions de DOC EN STOCK, page 7). Ce nest que plus loin, vu la grossièreté de largument, que la défenderesse écrit : « Aussi ne peut-il reprocher à Mme NECEK de ne pas lui avoir fait visionner lintégralité de son reportage comme il le fait pourtant dans le cadre de son assignation (ibidem, page 8). Autrement dit, lintégralité du documentaire destiné à être projeté.
Plus loin, les premiers juges atteignent le fond de labîme quand ils motivent leur décision en reprenant largument le plus aberrant de la société DOC EN STOCK. Quand ils assurent : « En effet, il est en réalité reproché à Barbara Necek de navoir retenu quune minute de toute linterview, Alain Guionnet soutenant, comme ci-dessus rappelé, que labsence de diffusion de lintégralité de ses propos relatifs aux sources du Protocole des Sages de Sion constitue une manipulation. Les propos suivants tenus par le demandeur sur son blog le 7 mai 2008 : lémission dARTE visait surtout musulmans et orthodoxes. Guionnet joua le rôle dintermède représentant la France. Rien de ce quil a vraiment dit sur le Protocole ne passa, car ses propos étaient hors jeu, confirment cette critique » (page 5). Voilà comment les juges du tribunal de Nanterre administrent la preuve !
Plus lescroquerie est grosse, mieux elle marche devant le tribunal de Nanterre. À preuve, il inverse lordre des moyens de la société DOC EN STOCK de façon à retenir le plus absurde dans les motifs de sa décision.
Alain Guionnet na bien sûr jamais demandé que lintégralité de ses propos passât à lantenne. Directeur de publication, il connaît les règles du métier. Il demandait uniquement « quaucune de ses phrases ne soit tronquée ou que ses propos soient télescopés ». Or au moins deux de ses phrases furent tronquées et quatre ou cinq de ses phrases ou propositions télescopées. À savoir : « Oui, donc, voici les numéros où jai publié le Protocole des sages de Sion. Mai 1990 Ce sont des textes authentiques, il ne sagit pas de douter de leur authenticité Le Protocole se retrouve à tous les moments-clés de lhistoire du 20e siècle La domination juive est de plus en plus manifeste, avec tous, avec tous ses actes barbares. »
La première ou les deux premières phrases ne sont pas vraiment télescopées dans la mesure où cette séquence fut tournée dans une autre pièce, couverture de Revision à lappui. Mais elles ont été retenues pour mieux faire passer la prétendue authenticité prêtée au pamphlet, avant denchaîner par une formule creuse, car on ne sait pas quels sont les moments-clés évoqués, pour sachever sur les actes barbares de la domination juive ! (au premier rang desquels lexcision du prépuce du nouveau-né). Le commentaire met ensuite les points sur les I en parlant des Protocoles.
Quant au commentaire dAlain Guionnet du 7 mai 2008, il résume le contenu de lémission, qui visait surtout musulmans et orthodoxes, où il joua le rôle dintermède. Il était hors jeu par rapport aux musulmans et aux orthodoxes, cibles privilégiées de la chaîne de télévision franco-allemande. En outre, Alain Guionnet ne sest jamais plaint de « labsence de diffusion de lintégralité de ses propos relatifs aux sources du Protocole des sages de Sion », car Barbara Necek ne lui a pas posé la moindre question à ce sujet.
À lappui de leurs dires, les premiers juges citent Revision n° 3 de mai 1989, qui observe que les deux versions russes du pamphlet sont traduites du français, « ce que personne ne conteste », dit juste après la revue. Quant aux lignes qui précèdent, il était hors de question pour la société DOC EN STOCK de les citer. Les voici : « les Protocoles ne font jamais quenvisager ce cas de figure, tout en reprenant des idées qui étaient dans lair du temps à la fin du 19e siècle. Après tout, la démocratie ne serait-elle pas un masque et un moyen transitoire permettant dinstaurer une forme de despotisme oriental ? Cétait là, en tout cas, chose que pressentait le marquis de Custine dans ses Lettres de Russie, dès la première moitié du 19e siècle. » Le contenu du pamphlet était dans lair du temps quand il fut écrit, voilà ce que dit Revision n° 3, doù il découle que lidentité de son auteur est secondaire. Cette préface est capitale. Ensuite le lecteur est invité à entrer dans le jeu en lisant le feuilleton. Il est alors question « des coteries qui veulent rendre impossible lhistoire ». Le pluriel est essentiel. Or ces coteries nous cassent les oreilles avec leur « grossier faux antisémite », car sil sagit dun faux antijuif, il est tout sauf grossier. Le tribunal conclut : « Compte tenu de lensemble de ces éléments, Alain Guionnet ne justifie pas du bien fondé de sa demande en dommages et intérêts, au visa de larticle 1142 du Code civil. »
Récapitulons, il ny a pas le moindre élément probant dans ce qui précède à lappui des moyens de la société DOC EN STOCK. Il y a uniquement interprétations frauduleuses de sa part et de celle du tribunal.
Les premiers juges ont apparemment compris le fond de laffaire : Alain Guionnet sintéresse à la source et à lécriture du Protocole des sages de Sion, comme il dit dans lassignation dans une phrase que le jugement du 3 juin 2010 tronque ! Le tribunal a fait semblant de ne pas saisir ce que dit le demandeur, après être prétendument tombé dans les pièges des parties adverses, de façon si grossière que le demandeur était conduit à faire appel ; après que le tribunal eut en outre débouté la société DOC EN STOCK de sa demande dapplication de larticle 700 du Code de procédure civile à cause de son non-respect « de lun de ses engagements contractuels ». Ce qui est faux, car DOC EN STOCK na pas respecté ses deux obligations ou engagements.
Il a été démontré quune phrase avait été tronquée, mais ce phénomène nest pas isolé. Quand Alain Guionnet dit : « Le Protocole se retrouve à tous les moments-clés de lhistoire du 20e siècle », on attend la suite. Dans la transcription du reportage un point semble simposer à la fin du propos, mais il sagit de deux points en réalité, car cest proposition introductive (ou conclusive). Il y a au moins trois moments-clés : le coup dÉtat bolchevique de 1917, la prise du pouvoir en Allemagne par le Parti socialiste national ouvrier allemand, la formation de lÉtat dIsraël ; événements liés, comme cela apparaît incidemment dans lémission quand Alain Guionnet est content dappeler Adolf Hitler Père Israël. Ce que les avocats des défenderesses semblèrent comprendre en première instance.
Enfin la justice républicaine exige quil puisse y avoir débat sur lorigine du Protocole des sages de Sion, sur les conditions de son écriture et sur les sources de son auteur. Ou encore sur la source du document, cest-à-dire sur la personnalité de son auteur et sur le milieu auquel il appartenait, bien que les idées quil développa fussent dans lair du temps. Non pas vaine dispute, à partir didées préconçues, mais sappuyant sur les résultats de recherches comparées.
Pierre-André Taguieff, autrefois fervent lecteur de Revision, singénie à réfuter certains arguments dAlain Guionnet en décembre 2009, sans le citer, quand il parle de la « fausse piste » parisienne. Avant dindiquer quil ne sagit que dune « hypothèse » dans le dernier paragraphe de son papier. Alain Guionnet pourrait se réjouir que Pierre André Taguieff dise que lécriture du Protocole des sages de Sion est dau moins deux ans postérieure au congrès de Bâle de 1897, Pierre-André Taguieff sopposant sur ce point à une partie des thèses dHenri Rollin. Mais la construction de la première ligne du métropolitain fut envisagée longtemps avant le début des travaux, tandis que Léon Bourgeois fut ministre de lInstruction publique et des Beaux-Arts en 1898, mais aussi de 1890 à 1892, et que cest en 1893 quil préconisa son programme déducation par la vue, etc. Pierre-André Taguieff fait certes uvre de vulgarisation, mais il y a des limites à respecter, y compris dans ce domaine. Il décrit par ailleurs le caractère fantaisiste de la piste du maître espion russe colportée dans le reportage quil a supervisé.
☞ Pièce n° 8 : « Qui a fabriqué le plus célèbre des textes antijuifs ? » par Pierre-André Taguieff, article paru dans Marianne du 19 décembre 2009 au 1er janvier 2010.
Heureusement, lescroquerie dont Alain Guionnet fut victime le poussa à approfondir ses recherches sur le Protocole des sages de Sion, en commençant par comparer tous les passages du document tirés du livre de Maurice Joly avec le texte original, y compris en ajoutant un extrait non retenu par Henri Rollin. Puis à étudier les autres sources du pamphlet, qui sont variées et sur lesquelles il est difficile dêtre catégorique, tout en traduisant de la meilleure façon qui soit en français le discours de Max Nordau à Bâle du 29 août 1897, dans Revision n° 111 de mai 2008. À savoir le texte complet, contenant ce passage supprimé dans les éditions juives en français (tant israélienne que de la « dispersion ») : « La microbiologie nous apprend que des petits êtres, inoffensifs quand ils vivent à lair libre, deviennent effroyablement pathogènes dès quon les prive doxygène, quon fait deux, pour parler comme les spécialistes, des êtres anaérobiques. Gouvernements et peuples devraient se garder de transformer les Juifs en êtres anaérobiques ! Ils pourraient avoir à le payer cher, quels que soient leurs efforts pour éradiquer le Juif devenu par leur faute nuisible. »
La cour, comme le public, appréciera la nature de cette menace dans la bouche dun médecin. Parfaitement authentique, elle résume une grande partie des thèses du Protocole des sages de Sion.
CONCLUSION
Alain Guionnet prie la cour dans son arrêt à intervenir de :
Dire que lauteur du document connu sous le nom de Protocole(s) des sages de Sion est inconnu et que son texte demeure en grande partie obscur ;
Dire que les recherches dAlain Guionnet sont sérieuses et ses conclusions libres, pour discutables quelles soient. Doù il découlera quil ny a pas lieu de lui interdire lentrée de la bibliothèque de lAlliance israélite universelle ;
Observer que cest la société ARTE FRANCE qui a imposé le passage à lantenne dAlain Guionnet en stipulant que les lieux de tournage sont « Russie, France, Israël, Égypte », dans le contrat de coproduction quelle a signé avec la société DOC EN STOCK le 14 mars 2007.
Songer aux articles 42 et 43 de la loi sur la presse du 29 juillet 1881 qui incitent à tenir la société ARTE FRANCE comme principale responsable du non-respect de la convention mutuelle en sa qualité de directrice de publication ou déditrice, et la société DOC EN STOCK comme complice en sa qualité dauteur.
Last edited by TitiLeParisiard (20-10-2010 00:02:54)
Liste et liens des ouvrages cités dans le document en Mémoire
Bourgeois, Léon
http://www.freepdf.info/index.php?categ … geois-Leon
Discours de... Léon Bourgeois prononcé le 7 février 1897, au banquet offert aux sénateurs de la Gauche démocratique élus le 3 janvier 1897
Conférence internationale de la paix, 1899
Le traité de paix de Versailles. 1919
Pour la Société des nations. 1909
Pour la Société des Nations. 1913
Les Raisons de vivre de la Société des Nations (1923)
Chevillon, Christophe
Procés des Protocols AI nr 62
Custine, Astolphe de (1790-1857)
http://www.histoireebook.com/index.php? … ie-en-1839
La Russie en 1839 (1843) Tome I
La Russie en 1839 (1843) Tome II
La Russie en 1839 (1843) Tome III
La Russie en 1839 (1843) Tome IV
La Russie (1855)
Encausse, Gérard (Papus)
http://www.histoireebook.com/index.php? … sse-Gerard
Anarchie, indolence & synarchie
Bibliographie méthodique de la science occulte
Comment est constitué l'Être humain
La Cabbale, tradition secrète de l'occident
La science des mages et ses applications théoriques et pratiques
La science des nombres
La science secrète
La Volonté et lÊtre impulsif
Le Jeune soldat
Le livre de la Chance
Les arts divinatoires Papus
Les rayons invisibles et les dernières expériences d'Eusapia devant l'occultisme
L'état de trouble
L'occultisme contemporain (original)
Martinésisme, Willermosisme, Martinisme et Franc-Maçonnerie]
Qu'est-ce que l'occultisme - étude philosophique et critique
Sepher Yetzirah
Tarot Papus
Traité élémentaire de magie pratique
Traité élémentaire de science occulte
Ce que deviennent nos morts
Du traitement de l'obésité locale par le docteur Gérard Encausse
L'Absorption cutanée des médicaments d'après le système de Louis Encausse, inventeur
Fabre d'Olivet, Antoine
http://www.histoireebook.com/index.php? … et-Antoine
Etat social de l'homme - I & II - Original
Etat social de l'homme - Tome I (reprise numérique)
La cosmogonie de Moyse
La langue hébraïque restituée - I & II - Original
La musique expliquée comme science et comme art
Notions sur le sens de l'ouïe en général - Guérison de Rodolphe Grivel, sourd muet de naissance
Toulon soumis (Opera)
Les vers dorés de Pythagore
Herzl, Theodor (Benjamin Ze'ev)
http://www.balderexlibris.com/index.php … zl-Theodor
Izoulet, Jean
http://www.balderexlibris.com/index.php … oulet-Jean
La cité moderne, métaphysique de la sociologie[/url]
La rentrée de Dieu, dans l'école et dans l'état[/url]
Paris, capitale des religions ou la mission d'Israël[/url]
Joly, Maurice
http://www.freepdf.info/index.php?post/ … ontesquieu
Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu
Les affamés
Nordau, Max Simon
http://www.histoireebook.com/index.php? … -Max-Simon
Dégénérescences - Tome I & II
Discours Bâle - Congrès sioniste - Revision 111[/url]
Écrits sionistes
Nordau Max et Pulido Fernandez Angel
Le peuple judéo-espagnol
Les protocoles des sages de Sion
http://www.histoireebook.com/index.php? … 0de%20Sion
Richter, Roch
La genèse des Protocoles des sages de Sion
Nilus, Sergueï
Protocoles des sages de Sion
Lambelin, Roger
Protocoles des sages de Sion
Boutmi
Protocoles des sages de Sion
Rohling, August
Rohling August - Talmud-jude
Saint-Yves d'Alveydre, Alexandre
L'Archéomètre, Clef de toutes les religions & de toutes les sciences de l'antiquité
Mission de l'Inde en Europe - Mission des ouvriers - Mission des Souverains par l'un d'eux - Testament lyrique
Taguieff, Pierre-André
Protocoles pour le point définitif
Pour apprêter tous cela, voici un petit ouvrage de circonstance :
Brisse, Léon : La cuisine à l'usage des ménages bourgeois et des petits ménages
Suivi d'un essai sur l'art incomparable d'accompagner les restes...
Last edited by TitiLeParisiard (20-10-2010 08:43:04)
Saluons ici, la performance de Titi le Parisiard.
En moins de temps pour l'écrire, il nous a mis en ligne un article du belliqueux Aigle Noir. Mais la performance réside surtout dans la mise en place d'une bibliographie qui sans son aide et admirable talent aurait été presque impossible à posséder.
La chance que vous avez de l'avoir ainsi à une portée de clic et gratuitement. Dire que le volatile pour l'écriture de son article a du se déplacer dans les bibliothèques, chercher dans les catalogues, passer du temps à la photocopieuse, user de son énergie pendant des mois, mettre en péril son petit pécule. Des années de travail perdues à découvrir ses ouvrages, si rares pour certains d'entre eux. J'ai presque peine pour lui.
Il nous faut le remercier de son travail au service de son nombril. Il écrit bien, pèse le sens de ses mots, alors que nous pauvres incultes, sans instruction aucune que celle de la rue et du trimard, nous ne pouvons exploiter pleinement la quintessence de son érudition.
Il nous reste à lire tous ces beaux livres, enfin réunis pour la première fois, les lire avec curiosité, nous lasser un peu, persister. Volonté, savoir, muses, donnez nous votre appui ! ...
Espérons que cela ne nous transformera pas en un oiseau rare et en voie de disparition.
RARE
L'équipe de The Savoisien, (des Burlacks) dans quelques temps,
Purgeant une peine de travaux d'intérêt utile et lucratif, sous le knout.
Ressentez-vous la souffrance de ses hommes ? Si oui, vous pouvez lire ces livres.
Si non, attendez, vous le saurez bientôt.