Shlomo Sand - Comment le peuple juif fut inventé

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[center][large]Shlomo Sand[/large]

Comment le peuple juif fut inventé
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Shlomo Sand - Comment le peuple juif fut invente.pdf (2.45 MB)
http://www.histoireebook.com/index.php? ... ut-invente

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[center]Entrevue Radio[/center]

[right]À Basel Natsheh et à tous les Israéliens et
Palestiniens de sa génération désireux de vivre
dans la liberté, l'égalité et la fraternité.
Tel-Aviv, 2008.[/right]

[justify]Avant-propos

Face à l'amas des mémoires

« Une nation [...] est un groupe de personnes unies
par une erreur commune sur leurs ancêtres et une
aversion commune envers leurs voisins. »
Karl W. Deutsch,
Le Nationalisme et ses alternatives, 1969.

« Je ne pense pas que j'aurais pu écrire le livre que
j ' a i écrit sur le nationalisme si je n'étais pas capable
de pleurer, avec l'aide d'un peu d'alcool, en écoutant
des chants folkloriques [...]. »
Ernest Gellner, « Réponse aux critiques », 1996.



Ce livre n'est pas une oeuvre de pure fiction ; il ambitionne d'être un essai à caractère historique. Il débute, cependant, par plusieurs récits nourris de souvenirs où l'imagination, jusqu'à un certain point, se donne libre cours. L'expérience vécue se faufile toujours, plus ou moins dissimulée, dans les coulisses des écrits de recherche ; on peut la déceler, même refoulée et comprimée, dans les replis épais de la théorie. Quelques souvenirs vécus sont volontairement exposés au grand jour au début de cet ouvrage : ils constituent une sorte de tremplin utilisé par l'auteur dans sa quête d'une vérité, objectif dont il est d'ailleurs bien conscient du caractère illusoire. La précision dans la description des situations et des rencontres présentées ici est aléatoire ; sachant que l'on ne peut se fier entièrement à la mémoire individuelle tant que l'on ne sait pas avec quelle encre elle s'écrit, autant les considérer, en partie, comme des récits imaginaires. Leur résonance tantôt ironique, tantôt mélancolique servira de cadre aux thèses centrales proposées dans ce livre, et le lecteur découvrira peu à peu leur relation, probablement dérangeante, avec elles.
Les échos de l'ironie et de la tristesse, inextricablement mêlés, constituent la petite musique de fond d'un récit critique qui se penche sur les sources historiques et sur la praxis de la politique des identités en Israël. Identité en mouvement et Terre promise Premier récit : deux grands-pères immigrés Il s'appelait Cholek, plus tard en Israël il devint Shaül. Il était né en 1910 à Lodz, en Pologne. Son père mourut à la fin de la Première Guerre mondiale, victime de la grippe espagnole. Sa mère dut alors travailler dur, comme ouvrière, dans une usine de tissage de la ville. De ce fait, deux de ses trois enfants furent placés dans un foyer d'assistance de la communauté juive. Seul Cholek, le plus jeune des garçons, demeura au logis familial. Il fréquenta pendant quelques années l'école talmudique, mais le dénuement de sa mère le rejeta rapidement à la rue et, dès son jeune âge, il commença à travailler dans divers ateliers de tissage. Telle était la réalité à Lodz, haut lieu de l'industrie textile en Pologne. Des raisons très prosaïques l'amenèrent à se défaire des croyances religieuses ancestrales léguées par ses parents. La mort du père eut tôt fait de détériorer la situation économique de sa mère, qui fut reléguée aux derniers rangs de la synagogue du quartier : la perte de notabilité sociale se traduisait aussi par un éloignement de la sainte Bible.
Une loi d'airain hiérarchique était déjà en vigueur dans les sociétés traditionnelles, selon laquelle l'appauvrissement du capital financier s'accompagne presque toujours d'une dégradation du capital symbolique. Le jeune homme prit son parti de ce déplacement et se trouva bientôt complètement à l'extérieur de l'enceinte des prières ! Cette manière d'abandonner la religion était assez répandue parmi les jeunes des quartiers juifs des grandes villes. Le jeune Cholek se retrouvait donc soudainement sans toit ni foi. Pas pour longtemps ! L'adhésion au mouvement communiste, phénomène alors assez courant, lui permit de se rapprocher, au plan culturel et linguistique, de la majorité de la population polonaise. Cholek devint bientôt un militant révolutionnaire. Son imagination se nourrit de la vision socialiste qui façonna son esprit ; malgré le labeur quotidien harassant, c'est par elle qu'il apprit à lire et à penser. L'organisation communiste fut pour lui un refuge protecteur mais le conduisit également en prison sous l'inculpation de menées subversives. Il passa en détention six années durant lesquelles, sans acquérir de diplôme, il élargit notablement son champ d'instruction et de connaissances. S'il ne parvint pas à ingurgiter Le Capital de Karl Marx, il réussit, en revanche, à maîtriser convenablement les écrits populaires de Friedrich Engels et de Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine ; Cholek, qui, enfant, n'avait pas terminé les cours à l'école primaire religieuse (heder) et n'avait pu entrer à l'école rabbinique (yeshivà) comme l'aurait souhaité sa mère, était devenu marxiste.[/justify]
Last edited by Libris on Fri Dec 09, 2011 2:57 pm, edited 1 time in total.
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