Rahmouna Salah - Fatiha Maamoura - Laissées pour mortes


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Rahmouna Salah - Fatiha Maamoura - Laissées pour mortes
Le lynchage des femmes de Hassi Messaoud



Vendredi 13 juillet 2001


La ville de Hassi Messaoud est une ville pétrolière du centre de l'Algérie. Elle héberge environ 53000 habitants. Diverses entreprises pétrolières s'y sont installées, la ville devenant un lieu où trouver potentiellement emploi et sécurité pour de nombreux Algériens, en pleine guerre civile. Cela entraîna entre autres la création de nombreux bidonvilles autour de la cité.
De nombreuses femmes ont émigré à Hassi Messaoud afin d'y assurer des tâches d'entretien, de secrétariat ou de restauration dans les compagnies pétrolières. Les femmes travaillant mais surtout vivant seules dans une région très traditionnelle sont accusées par les prêcheurs islamistes, d'avoir un « double-emploi », travaillant en entreprise le jour, se prostituant le soir, dans une région frappée par le chômage masculin. Avant les événements, plusieurs femmes avaient fait l'objet d'insultes, certaines se faisant physiquement agresser.

Pendant la prière du vendredi 13 juillet 2001, l'imam, qualifié d'intégriste, s'en prend à la présence des femmes venues des régions du nord-ouest travaillant maintenant dans les compagnies pétrolières. Il les accuse de comportements « immoraux », appelant à un « Jihad contre le diable » afin de « chasser ces femmes fornicatrices ». Selon lui, des femmes vivant seules, sans aucun « wali » (homme gardien de la tradition maliki), ne peuvent être que des prostituées.

Dans la nuit du 13 au 14 juillet, vers 22 heures, une foule de 300 hommes environ prend alors la direction du bidonville El-Haïcha où résident des femmes employées comme femmes de ménage, cuisinières ou secrétaires. Pendant 5 heures, une quarantaine de femmes du quartier sont agressées, rouées de coups, violées, mutilées et traînées nues dans la rue. Leurs maisons sont pillées et pour certaines, brûlées. Certains des agresseurs portaient des armes blanches. La police n'arriva sur place que vers 3 heures du matin, mettant fin aux violences.
Celles-ci se répètent la nuit suivante, puis le 16 juillet dans d'autres quartiers de la ville. Le 17, puis les 23 et 24, les violences s'étendirent à la ville de Tébessa, plus au sud, où des commerces détenus par des femmes seules furent vandalisés.
Plusieurs dizaines de femmes furent hospitalisées, dont 6 étaient à ce moment dans un état sérieux. 95 femmes et enfants trouvèrent refuge dans l'auberge de jeunesse. D'autres prirent des taxis afin de quitter la ville et retourner dans leur région d'origine. Trois des jeunes femmes violées étaient vierges au moment des faits. Le journal La Tribune parle de 4 à 6 décès, ce que les autorités réfutent. Des témoins disent avoir vu plusieurs femmes mortes. En août 2001, l'association SOS Femmes en détresse parle d'une femme morte suite à son agression, et de trois encore hospitalisées.



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