Esther Vilar - L'Homme subjugué


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Esther Vilar - L'Homme subjugué

Je dédie ce livre à ceux dont il n’est pas fait mention ici : aux hommes, si rares, qui ne se laissent pas "dresser" ; aux femmes, si rares, qui ne se laissent pas acheter ; et à celles, si heureuses, qui n’ont pas de valeur commerciale, parce que trop vieilles, trop laides, ou trop malades.
E. V.


Tous les jours, des déclarations fracassantes soulignent l’asservissement de la femme. C’est le moment que choisit Esther Vilar pour proclamer le contraire.
L'esclave, dit-elle, c’est l’homme. Dès sa jeunesse, on lui apprend à respecter celle qui est sa mère, celle qui sera sa compagne et la mère de ses enfants. La femme se sert de son sexe pour le dominer. Elle satisfait les appétits charnels de l’homme pour qu’en échange, il la nourrisse, l’entretienne et "élève les petits de sa femelle". Il faut donc, désacraliser la femme, la voir telle qu'elle est : spécialisée dans la prostitution légale, dans l’artifice et la rapacité.
Paradoxale, cette thèse ? qui prend le contre-pied de Kate Millett et de Shulamith Firestone. Oui, jusqu’à un certain point. Non dans sa conclusion. Car Esther Vilar, comme ses consoeurs en contestation, exige une réelle égalité des sexes. Une égalité où la femme ne sera plus une poupée "vouée à l'idiotie par son éducation".

Petit par ses dimensions, ce livre est plus dense que bien des gros essais. Il a provoqué un scandale en Allemagne où un critique s’est écrié : "Il a été écrit par une bacchante qui piétine toutes les valeurs féminines." De toute manière, il ne peut laisser personne indifférent.

L’auteur :
Née en 1935 à Buenos-Aires. Vagabonde un peu partout. Etudie la zoologie. De surcroît, elle est jolie ce qui empêche les méchantes langues de dire qu’elle a écrit son livre pour se venger du dédain des hommes.


Chapitres :
L’homme est un esclave heureux
Qu’est-ce qu’un homme
Qu’est-ce qu’une femme
L’horizon indépassable d’une femme
Le sexe « faible » ?
L’univers est masculin (et en réalité, ça ne gêne pas les femmes du tout de ne rien y comprendre)
C’est sa stupidité qui rend la femme magique aux yeux de l’homme
Les rôder
Manipulation : la technique de se rabaisser soi-même
Un dictionnaire
Les femmes n’ont pas de sentiments réels
Le sexe comme carotte
La libido féminine
Le bluff et le nuage de fumée
Tout est à vendre
Auto-conditionnement
Les enfants en otage
Les défauts féminins
Le masque de la féminité pure
Le monde du business comme terrain de chasse
La femme « émancipée »
La libération des femmes a apporté quoi ?
Ce qu’elles entendent par amour


Esther Vilar - Interview 1975 - English
Esther Vilar - Interview 1975 - German
Esther Vilar - Le sexe polygame Le Droit de l’homme à plusieurs femmes


Why women destroy nations - Black Pigeon Speaks


A lire ou relire :
Pour qui nous battons-nous ?
Tu pues la France


Du bonheur de l'esclave

La MG jaune citron dérape. La jeune femme au volant l’arrête non sans impudence, descend et découvre que le pneu avant gauche est à plat. Sans perdre un instant, elle prend les mesures nécessaires pour réparer : elle ne lâche plus du regard chaque voiture qui s’approche comme si elle attendait quelqu’un. A ce signal international standardisé (faible-femme-victime-de-la-technique-masculine), une voiture presque aussitôt stoppe. Le conducteur, qui a compris, console déjà : « On va vous arranger ça tout de suite », et pour confirmer qu’il est résolu à tout, demande à la jeune femme son cric. Il ne lui demande pas si elle peut elle-même changer sa roue : elle a la trentaine, elle est vêtue à la dernière mode, bien fardée ; il sait bien qu'elle ne le peut pas.

Comme elle ne trouve pas l'outil, il va chercher le sien, et il apporte du coup tous ses autres. En cinq minutes il a réglé l’affaire et arrimé la roue accidentée à la place prévue. Ses mains sont couvertes d’huile. Elle lui propose son mouchoir brodé, mais il refuse poliment : il a toujours un vieux chiffon dans la boîte à outils pour des cas semblables. Elle le remercie avec effusion, s’excuse de sa gaucherie « typiquement féminine » : sans lui, elle serait encore ici à la nuit tombante. Il ne répond rien, mais referme galamment la portière sur elle et se penche au-dessus de la vitre à demi-baissée pour un dernier conseil : faire réparer très vite le pneu endommagé. Elle l’assure qu’elle avisera le jour même son pompiste habituel. Et elle démarre. Après avoir rangé ses outils et être revenu seul à sa voiture, l’homme commence à regretter de ne pouvoir se laver les mains. Et ses souliers, qui ont souffert de la glaise humide qu’il a piétinée pour changer la roue, ne sont plus aussi propres que l’exige sa profession - il est représentant. Et s’il veut arriver à temps chez son prochain client, il va falloir qu’il se presse. « Ah ! ces femmes », pense-t-il en mettant le contact, « toutes aussi faibles les unes que les autres ! » Sérieusement, il se demande ce qu’elle serait devenue s’il ne s’était pas arrêté. Pour rattraper son retard, il roule vite, imprudemment, ce qui n’est pas dans ses habitudes. Quelques instants plus tard, il commence à fredonner : d’une manière ou d’une autre, il est heureux.

La plupart des hommes se sont trouvés au moins une fois dans une situation semblable, de même que la plupart des femmes. C'est que, dès que l’occasion s‘en présente, la femme, sans hésiter, laisse l’homme travailler pour elle, simplement parce qu’il est homme et elle quelque chose de différent : une femme. Celle dont nous avons fait la connaissance n’aurait pas bougé : elle aurait attendu l’aide d’un homme parce qu’on lui a enseigné que dans le cas d’une panne d’auto, on s’adresse à un homme pour qu’il fasse la réparation, et rien de plus. L’homme au contraire a rendu service, d’une façon efficace, gratuitement, à quelqu’un qui lui est totalement étranger. Il a sali ses vêtements, compromis la conclusion d’une affaire et il risque maintenant un accident en conduisant trop vite. En plus du changement de roue, il aurait procédé volontiers à une douzaine d’autres réparations, tout cela parce qu'à lui aussi, on le lui a appris. Et pourquoi une femme s’occuperait-elle de sa voiture quand les hommes, la moitié de l’humanité, peuvent si bien le faire et sont prêts à mettre tout leur savoir à sa disposition ?
Les femmes laissent les hommes travailler pour elles, penser pour elles, assumer les responsabilités qui leur incombent. Les femmes exploitent les hommes. Or, ils sont forts, intelligents, pleins d'imagination ; elles sont faibles, sottes et ne brillent pas par l’imagination. Comment se fait-il que les femmes exploitent les hommes, et non l’inverse ?

La force, l’intelligence, l’imagination seraient-elles les conditions nécessaires de la servitude, et non de la puissance ? Le monde, loin d’être gouverné par ceux qui ont des capacités, le serait-il par celles qui ne sont bonnes qu’à cela ? Et s’il en est ainsi, comment font-elles pour que les hommes ne se sentent pas trompés, mais croient au contraire être ce qu’ils sont le moins au monde : les maîtres ? Comment leur instillent-elles ce bonheur qu’ils ressentent à travailler pour elles, cette fièvre d’orgueil et de supériorité qui les incite à entreprendre des tâches toujours plus considérables ?
Pourquoi ne démasque-t-on pas la femme ?


Esther Vilar - PDF

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