Denys L'Aréopagite - Le Livre de la hiérarchie céleste


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Denys L'Aréopagite - Le Livre de la hiérarchie céleste
Suivi de La Théologie Mystique et de Lettres de Denys

Traduit du grec par Georges Darboy


Tout vient de Dieu et retourne à Dieu, les réalités et la science que nous en avons. Une véritable unité subsiste au fond de la multiplicité, et les choses qui se voient sont comme le vêtement symbolique des choses qui ne se voient pas. C'est donc une loi du monde que ce qui est supérieur se reflète en ce qui est inférieur, et que des formes sensibles représentent les substances purement spirituelles, et qui ne peuvent être amenées sous les sens. Ainsi la sublime nature de Dieu, et, à plus forte raison, la nature des esprits célestes, peuvent être dépeintes sous l'emblème obscur des êtres corporels : mais il y a une racine unique et un type suprême de ces reproductions multiples.

Or, entre l'unité, principe et fin ultérieure de tout, et les créatures, qui n'ont en elles ni leur raison , ni leur terme, il y a un milieu qui est à la fois science et action, connaissance et énergie, et qui, expression mystérieuse de la bonté incréée, 178 nous donne de la connaitre, de l'aimer et de l'imiter : ce milieu, c'est la hiérarchie, institution sacrée, savante et forte, qui purifie, illumine et perfectionne, et ainsi nous ramène à Dieu, qui est pureté, lumière et perfection.

Telle est en particulier la hiérarchie des Anges, ainsi nommés parce que, élevés par la bonté divine à un plus haut degré d'être, ils peuvent recevoir une plus grande abondance des bienfaits célestes, et les transmettre aux êtres inférieurs : car Dieu ne se manifeste pas aux hommes directement et par lui-même, mais médiatement et par des ambassadeurs (ἄγγελος). Ce nom d'anges désigne proprement les derniers des esprits bienheureux ; mais il peut très-bien s'appliquer aussi aux plus sublimes, qui possèdent éminemment ce qui appartient à leurs subordonnés, tandis qu'au contraire on ne doit pas toujours étendre réciproquement aux plus humbles rangs de la milice céleste ce qui convient aux premiers rangs.

En effet, les pures intelligences ne sont pas toutes de la même dignité ; mais elles sont distribuées en trois hiérarchies, dont chacune comprend trois ordres. Chaque ordre a son nom particulier ; et, parce que tout nom est l'expression d'une réalité, chaque ordre a véritablement ses propriétés et ses fonctions distinctes et spéciales. Ainsi les Séraphins sont lumière et chaleur, les Chérubins science et sagesse , les Trônes constance et fixité : telle apparaît la première hiérarchie. Les Dominations se nomment de la sorte, à cause de leur sublime affranchissement de toute chose fausse et vile ; les Vertus doivent ce titre à la mâle et invincible vigueur qu'elles déploient dans leurs fondions sacrées ; le nom des Puissances rappelle la force de leur autorité et le bon ordre dans lequel elles se présentent à l'influence divine : ainsi est caractérisée la deuxième hiérarchie. Les Principautés savent se guider elles-mêmes et diriger invariablement les autres vers Dieu ; les Archanges tiennent aux Principautés en ce qu'ils gouvernent les Anges, et aux Anges, en ce qu'ils remplissent parfois, comme eux, la mission d'ambassadeurs: telle est la troisième hiérarchie. Tels sont les neuf chœurs de l'armée céleste.

La première hiérarchie, plus proche de la Divinité, se purifie, s'illumine et se perfectionne plus parfaitement ; elle préside à l'initiation de la deuxième, qui participe, en sa mesure propre , à la pureté, à la lumière et à la perfection, et devient à son tour peur la troisième le canal et l'instrument des grâces divines. 179 Même les choses se passent ainsi dans chaque ordre, et tout esprit reçoit, au degré où il en est capable , un écoulement plus ou moins direct ou médiat de la pureté non souillée , de la lumière surabondante. de la perfection sans limites.

Ainsi tous les membres de la hiérarchie ont ceci de semblable, qu'ils participent à la même grâce, et ceci de différent, qu'ils n'y participent pas à un égal titre, ni avec un égal résultat. Et voilà la double cause de la distinction permanente qu'on reconnaît entre eux, et de l'identité des noms que parfois on leur donne ; tellement que, si les hommes eux-mêmes étaient appelés à exercer des fonctions jusqu'à un certain point angéliques, on pourrait les nommer des Anges.

Ces principes expliquent suffisamment le sens et la raison des formes corporelles sous le voile desquelles sont représentés les Anges. Elles devront être le signe des propriétés qu'ils ont, des fonctions qu'ils remplissent. Ainsi les choses matérielles trouvent leur type dans les esprits , et les esprits en Dieu , qui est tout en tous.


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