Urbain Gohier - Leur république


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Urbain Gohier - Leur république

La domination la plus abjecte et la plus répugnante.
A. Millerand



Les Drames philosophiques de Renan
Le monologue de Caliban, que la Révolution vient de cueillir dans un bouge pour le mettre sur le trône.

Caliban, seul, étendu dans le lit du duc Prospero :

« Non, je n'aurais pas cru qu'il fût si doux de régner. Je n'aurais pas cru surtout qu'on murît si vite en régnant. Dans le voyage de la place communale à ce palais, j'ai plus changé que dans tout le reste de ma vie. Dix heures se sont écoulées depuis que le peuple m'a porté ici sur ses bras et je ne me reconnais pas.
J'étais injuste pour Prospero : l'esclavage m'avait aigri. Mais, maintenant que je couche dans son lit, je le juge comme on se juge entre confrères. Il avait du bon, et, en beaucoup de choses, je suis disposé à l'imiter.
Quoi de plus odieux, par exemple, que ces inopportunes impatiences du peuple, ce défilé de pétitions impossibles dont ils viennent m'accabler ! Quelle avidité de jouir ! Quelles prétentions subversives !...
Pour moi, mon parti est pris : je ne me laisserai pas envahir par des gens qui s'imaginent, en se plaçant au-delà de moi, m'entraîner avec eux dans l'abîme. Un gouvernement doit résister, je résisterai. Après tout, les gens établis et moi, nous avons des intérêts communs. Je suis établi comme eux ; il faut que cela dure ».

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